Un contexte favorable
Au cours des dernières années, l’éducation au développement durable avait pris le pas sur l’éducation à l’environnement. Mais la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école remet au goût du jour la nécessité d’une sensibilisation à la nature des enfants dès l’école primaire. La circulaire du 4 février 2015 relative au déploiement de l’éducation au développement durable dans les écoles encourage la création de « coins nature » destinés à renouer le lien direct entre les élèves et la nature, tout en constituant un support pédagogique permanent d’apprentissage aussi bien des connaissances que de la responsabilité et du respect pour les différentes espèces vivantes.
On constate que l’un des objectifs de ces coins nature est d’améliorer le bien-être des enfants en prenant appui sur l’effet apaisant de la nature. Ces petits aménagements dans la cour de l’école sont de nature à développer la sensibilité des enfants, leur capacité à connaître et identifier leurs sentiments et émotions, en lien avec les compétences visées dans les programmes d’éducation morale et civique (12 juin 2015).
A l’école maternelle, la création de tels petits îlots pour la vie dans l’univers des enfants est cohérente avec les orientations des nouveaux programmes (Bulletin officiel du 26 mars 2015), qui incitent les enseignants à penser l’aménagement de l’école afin qu’elle stimule la curiosité des élèves, multiplie les occasions d’expériences sensorielles, motrices, relationnelles, cognitives.
Des coins de vraie nature avec une place pour le spontané, le sauvage…
La plupart des jardins, des cultures et élevages conduits en classe au cours des dernières années constituaient essentiellement des points d’appui à la construction de connaissances sur le monde vivant (cycle de vie, reproduction, nutrition etc.).
Comme l’expriment les textes présentés dans le paragraphe précédent, la création de coins nature vise des objectifs plus larges incluant le bien être. Or les bienfaits de la nature sont d’autant plus élevés que celle-ci est riche et diversifiée. Il serait donc nécessaire que les coins nature comportent un plus grand nombre d’espèces, qui pourront être choisies selon des critères variés : intérêt pédagogique certes, mais aussi, intérêt esthétique, intérêt pour favoriser la biodiversité (exemple de plantes mellifères)…sans parler, c’est inévitable, de toutes les espèces qui vont s’inviter elles-mêmes dans les nouveaux aménagements.
Il peut être intéressant de combiner des coins à différentes échelles emboîtées :
• Un coin installé dans la classe ou dans le bâtiment scolaire
• Un coin aménagé à l’extérieur dans la cour, le jardin…
• Mais aussi un coin visité régulièrement dans un parc ou un espace naturel à proximité de l’école ou plus lointain
En effet, à l’extérieur les enfants accèdent au réel dans sa complexité mais les coins nature intérieurs permettent des expériences plus proches pour les élèves et dans la durée, ils favorisent par exemple des observations plus fines en classe d’échantillons de nature rapportés d’espaces naturels.
Dans le coin nature aménagé à l’extérieur, il s’agit aussi de permettre à la nature d’entrer dans l’enceinte de l’école, de laisser des espèces végétales spontanées se développer même celles qu’on dénomme « mauvaises herbes », de favoriser la présence d’animaux (insectes, oiseaux…). Certes, par définition, on met en place des espaces aménagés par l’homme mais en laissant une place au « sauvage » qui est ainsi accueilli et non repoussé. On favorise ainsi le tissage de liens entre les enfants et le « sauvage » qui trop souvent est exclu des jardins d’école, de l’autre côté de la barrière comme si cela représentait un danger. C’est important puisqu’on construit les représentations que les enfants garderont de la nature et sans doute leur disposition à prendre en compte la biodiversité dans leur vie future.